Les associations membres de la Fédération FDN s'étaient fixées un objectif: passer de 700 adhérents à 1000. Voilà, ça, c'est fait. Nous sommes maintenant un peu plus de 1100 membres adhérents à un FAI associatif de la Fédération.

Plus intéressant, quand la campagne a été lancée, au début de l'été, nous étions à peine 10 associations fédérées, et maintenant nous sommes 16, en bonne route vers la 20aine. C'est pour nous un signe intéressant. C'est d'abord un signe de vitalité pour la Fédé (mais ça n'intéresse que nous).

C'est surtout un signe que l'idée qu'un fournisseur d'accès puisse être associatif fait son petit bonhomme de chemin. Cette idée semblait simple et normale il y a 20 ans quand FDN s'est monté. Il n'existait pas vraiment de fournisseurs d'accès commerciaux à l'époque, et donc pour pouvoir accéder à Internet, il n'y avait pas tellement de choix possibles. Le plus simple, quand on voulait juste de l'accès et pas gagner sa croûte en le faisant, c'était de créer une association. La seule de ces associations qui ait survécu sans vraiment changer, c'est FDN.

Cette idée est devenue obscure par la suite. Les fournisseurs commerciaux sont arrivés, et peu après le grand public. Ces nouveaux venus sur le réseau découvraient la chose. Dans leur immense majorité, ils n'ont jamais rien connu d'autre qu'un opérateur commercial. L'idée même d'un opérateur associatif leur est donc étrangère. Il semble que cet âge curieux dans la croissance d'Internet soit en train de se terminer.

Les vieux lui avaient trouvé un nom, à cet âge : endless september. En effet, avant que le grand public ne débarque sur le réseau, les accès étaient essentiellement ceux des universités américaines et européennes, ainsi que quelques labos de recherche de grandes entreprises. On voyait donc débarquer sur le réseau, tous les ans en septembre, une fournée de débutants : les nouveaux étudiants de l'année ! Ignares des coutumes locales, on les reconnaissait facilement. Ils ne disaient pas bonjour dans les mails, écrivaient en majuscules sans raison, posaient des questions idiotes au lieu de lire les docs et de chercher un peu (Google s'appelait Gopher, en ce temps-là). Pendant un mois ou deux, c'était le bordel sur le réseau, le temps qu'ils s'habituent et qu'on leur explique. Il faut bien que jeunesse se passe...

Quand le grand public a débarqué sur Internet, l'arrivée d'une foule innombrable de nouveaux est devenue permanente. Songez qu'en 1996 nous devions être à peu près 40.000 sur le réseau en France, et que nous sommes aujourd'hui près de 40 millions. Le flux de nouveaux était colossal. Le foutoir du mois de septembre était devenu permanent : endless september.

Il était inévitable que cette période se termine. Maintenant, en France, tout le monde est sur le réseau ou presque. Il n'y a guère que les très vieux et les très jeunes qui n'y soient pas. Les très vieux ne viendront probablement pas. Les très jeunes arriveront lentement, une génération après l'autre. Certaines habitudes commencent à être prises. Les règles ont changé bien entendu, les vieux routiers d'Internet ont perdu sur bien des points. Mais le public gagne en maturité, ça ne fait aucun doute.

Aux débuts du endless september, FDN, avait sévèrement maigri. Ceux qui adhéraient simplement pour un accès ont cessé d'adhérer quand des opérateurs commerciaux sont apparus et ont fait de la publicité. On ne voyait qu'eux, on ne nous voyait plus. Quand les premiers opérateurs gratuits (hors coût de l'appel téléphonique, faut pas rêver) sont apparus, beaucoup de nos adhérents ont préféré arrêter de payer.

Ces dernières années, FDN s'est remplumée. Au point haut, en 1997, nous comptions 250 adhérents. Au point bas, vers 2005, moins de 50. En 2010, la Fédération se montait avec 7 associations, dont l'ancêtre FDN. Maintenant notre fédération regroupe bientôt 20 associations dans toute la France, pour plus de 1100 adhérents, et la croissance se continue à un rythme soutenu.

Le endless september aurait-il finalement une fin ?

Finalement, les Maya, ils annoncaient la fin du endless september, et donc l'avènement de l'ère nouvelle.